Comment améliorer sans trop d’effort la qualité des eaux de baignade ? – épisode 4

Petit guide humoristique à l’usage des maires de communes littorales

Introduction

Vous êtes maire dans une région d’élevage, et vous avez sur votre commune des plages situées à l’embouchure de rivières ou ruisseaux ? Dans ce cas, il est très probable que plusieurs fois par été vous deviez interdire la baignade pour prévenir la contamination des baigneurs par des bactéries fécales rejetées par ces cours d‘eau, pollués en amont ou par les eaux pluviales, sales, qui les alimentent. 

Ce guide est fait pour vous

Résumé des épisodes précédents : 

Une baignade est caractérisée par l’usage : s’il y a régulièrement des baigneurs et que la baignade n’est pas interdite, la zone est en principe soumise d’office à la réglementation sur les eaux de baignade. C’est ennuyeux si cette zone est polluée… Dans ce cas,  il suffit de faire comme pour la Plage du Crapaud à Lanildut : ne pas déclarer la baignade à l’ARS, et le tour est joué ! Ou bien, si la manœuvre risque d’être par trop voyante, il existe un autre moyen : déplacer le point de contrôle à l’écart de la zone polluée qui est aussi la zone de baignade. Vous pouvez également ne pas rendre publics les rapports d’analyses, et faire en sorte qu’ils demeurent inaccessibles aux personnes qui, pourtant, sont en droit d’en demander communication.

Conseil n° 4 : Evitez les études trop poussées !

Lorsqu’on cherche à réduire les pollutions bactériennes, il est logiquement intéressant d’en connaître l’origine. C’est d’autant plus facile que leur provenance est un cours d’eau : on peut ainsi non seulement mesurer les concentrations de polluants dans ce cours d’eau avant dilution dans l’eau de mer, mais de plus il est possible de remonter le bassin versant pour identifier les sources et l’origine des bactéries fécales.

Mais ce type d’enquête risque de créer inutilement des tensions avec les communes situées en amont sur le bassin versant (dont les installations d’assainissement présentent parfois quelques légers défauts), ou avec des activités économiques essentielles pour l’économie locale et la souveraineté alimentaire nationale (qui sont parfois à l’origine de quelques impacts environnementaux).

Il est difficile de ne faire aucune étude, ne serait-ce que pour revendiquer une gestion rigoureuse, mais on peut néanmoins éviter des ennuis en suivant quelques conseils simples :

  • Analyser les eaux de baignade, après dilution, et non les eaux des cours d’eau avant dilution ;
  • Eviter les mesures trop bien réparties sur le bassin versant, qui permettraient d’identifier trop précisément telle ou telle source de pollutions bactérienne – à défaut de pouvoir éviter ces mesures, ne pas en diffuser les résultats ;
  • Ne pas mesurer trop de paramètres. Si on cherche des pollutions bactériennes, éviter de rechercher dans les mêmes échantillons des polluants chimiques dont la présence concomitante pourrait éveiller des soupçons inutiles. Et bien sûr, éviter de mesurer les débits et les concentrations au même endroit, ça risquerait de donner aux spécialistes des informations sur les flux de polluants…

Bien sûr, ceci n’empêche pas de financer des études. C’est même recommandé pour un gestionnaire consciencieux, dont l’efficacité se mesure plus souvent à l’argent qu’il dépense qu’aux résultats qu’il obtient. Il conviendra toutefois d’éviter qu’elles débordent du cadre prescrit, et il n’est donc pas toujours indiqué de sélectionner le prestataire le plus compétent, au risque qu’il formule des recommandations difficiles à mettre en œuvre. 

Heureusement, la concurrence entre les bureaux d’étude est rude, et le faible montant de ces travaux évite généralement aux collectivités des procédures trop contraignantes pour la sélection du prestataire. 

On peut aussi confier les études à des organismes comme les chambres d’agriculture par exemple, car la loi leur permet de réaliser des études environnementales. Elles au-moins sauront rassurer les citoyens en confirmant que, les pratiques agricoles étant conformes à la réglementation, elles ne sauraient  être causes des pollutions bactériologiques des eaux de baignade. Pas plus qu’elles ne sauraient être impliquées dans la prolifération des algues vertes…

Pourquoi donc dépenser de l’argent à chercher ce qu’on n’a pas envie de trouver ?

Conseil n° 5 : Mettez en avant des mesures secondaires

Il se peut que certains citoyens pointilleux ne se contentent pas de l’explication de la « pluie qui pollue », et demandent des mesures concrètes pour prévenir les pollutions des plages.

Il est difficile et souvent imprudent pour un maire de commune littorale de s’intéresser aux pollutions qui pourraient venir du bassin versant, qu’elles proviennent de défauts d’assainissement dans les communes voisines ou plus lointaines, ou d’épandages d’effluents d’élevage… 

En revanche, il est toujours possible de mettre en avant les ANC non conformes. La difficulté est que leur mise aux normes relève in fine de la responsabilité du maire, ce qui pourrait entraîner un effet « boomerang » désagréable. 

Communiquez plutôt sur des sources de pollution mineures mais bien visibles : présence sur les plages d’animaux du type chiens et chevaux,  ou abreuvage d’animaux de type bovins… à proximité des plages.

Les actions dans ce domaine ne sont pas très contraignantes, mais peuvent être très visibles. En l’occurrence, afficher sur toutes les plages l’interdiction de divagation de chiens ou de promenade à cheval. L’idéal, restant l’arrêté préfectoral, qui donne plus de solennité à la mesure tout en évitant au maire des tensions avec ses électeurs…. 

Vous pouvez également faire financer par la collectivité des actions pour réduire les pollutions liées à l’abreuvage d’animaux aux cours d’eau sur le bassin versant.

Par exemple, financer l’installation de « pompes à museau » pour solutionner les problèmes de qualité des eaux de baignade. 

Comme les arbres peuvent cacher la forêt, les chiens peuvent efficacement cacher les cochons ou les assainissements défectueux ! Et, on le verra plus loin, contribuer à culpabiliser les usagers de la plage et  les dissuader d’aller regarder plus en détail.

N’hésitez pas à communiquer sur vos efforts pour réduire les pollutions mineures !

Figurez 5 – Un exemple de communication bien pensée

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