LE PORT DE L’ABER ILDUT EN QUESTION – Episode 1

La communauté de communes est l’autorité portuaire pour le port de l’Aber Ildut. 

➡️ Le port de l’Aber Ildut accueille des professionnels (goémoniers, pêcheurs) et des plaisanciers. La gestion de la partie professionnelle est confiée en Délégation de Service Public (DSP) à la Chambre de Commerce et d’Industrie (CCI), la CCPI gérant en régie les autres usages. 

Le budget portuaire est autonome . Il s’agit d’un budget annexe qui doit normalement s’équilibrer, c’est-à-dire que son fonctionnement doit, normalement, être entièrement financé par les seules redevances des usagers.

➡️ Plusieurs questions se posent en ce moment concernant le port. Ainsi, son avenir a été abordé au dernier conseil communautaire au travers du débat sur le plan d’investissements 2023/26. En effet, un budget de 880 000€ d’investissements est prévu pour 2025. Pourquoi ces investissements et qui va les financer ?

1) Le pont-bascule qui sert à la pesée du goémon doit-être déménagé. Pourquoi ? Où va-t-on le mettre ? La collectivité (et donc le contribuable) doit-elle accueillir et financer l’emplacement de ce pont ?

2) Le port de l’Aber Ildut s’envase, ce qui pose des difficultés d’accessibilité des bateaux. Qui doit financer cette opération extrêmement coûteuse, annoncée à plus de 1 M d’€ : contribuables ou usagers ? Cette opération présente-t-elle un risque pour l’environnement, la conchyliculture et les baigneurs ?

3) Il est envisagé la création d’un nouveau quai à Lampaul-Plouarzel. Pour qui et  dans quel but ? Quelles études ont été conduites à ce sujet ? Par qui serait-il financé ? Est-ce qu’une étude d’impact sera réalisée, étant donné que nous sommes en zone Natura 2000 et à proximité du Parc Marin d’Iroise (où se concentreront les pressions liées à l’activité portuaire si elle augmente) ?

Autant de questions qui nous concernent tous et auxquelles nous commençons à répondre dans cette série de 3 épisodes.

Accès au Plan Pluriannuel d’investissement : https://drive.google.com/drive/folders/15LccURMh27NaHa1jWn_riUO9BTMrj8o2?usp=share_link

Accès au verbatim du débat au conseil communautaire sur ce sujet  :

https://drive.google.com/file/d/1Lx4I0-5jZYLTtdeRuxYGR8p6yCOAVDde/view?usp=share_link

ÉPISODE 1 : QUI DOIT ACCUEILLIR ET FINANCER LA BALANCE DES GOÉMONIERS ?

Le port de l’Aber Ildut

L’activité du port de l’Aber Ildut, côté Lanildut, est dominée par celle des navires goémoniers. Au fil du temps, le port devient quasi exclusivement un port professionnel goémonier, dans lequel quelques autres usages (transport de passagers par Finist’mer et bientôt par la CCPI, mise à l’eau – désormais payante…) sont admis. La baignade, jusqu’ici autorisée, sur la plage du Crapaud, n’est plus mentionnée comme usage toléré dans le règlement du port ( pour en savoir plus sur ce sujet : https://citoyens-iroise.bzh/?p=811)

Qui doit financer et effectuer la pesée ?

Actuellement, la bascule qui permet d’effectuer la pesée du goémon se trouve à côté du parking, sur un espace naturel sensible appartenant au département, et cette activité est assurée par un intervenant privé. 

➡️ Le déplacement du pont à bascule est envisagé. Or la raison justifiant ce déplacement n’a pas été invoquée. Est-ce une volonté du département de récupérer cet espace ?

Toujours est-il que lors du dernier conseil communautaire, un budget de 50 000€ sur deux ans a été annoncé pour financer le déménagement et l’installation de ce pont-bascule.

C’est une pesée destinée à un usage professionnel privé. Le président de la communauté de communes indique : « Puisque personne ne veut le faire, il est possible que la CCPI fasse cette opération-là. ». On peut pourtant penser que si personne ne veut l’assumer, c’est probablement qu’elle n’est pas rentable. 

➡️ Pourquoi la collectivité devrait-elle s’occuper d’une pesée qui concerne uniquement deux entreprises privées, et consommer du foncier pour une activité non rentable et qui ne relève pas de sa compétence ? Le pont à bascule est en effet exclusivement destiné à l’activité des goémoniers, et plus particulièrement à 2 usines qui récupèrent le goémon. Qui va financer ce déménagement et cette réinstallation? Tous les usagers ou les 2  entités qui en ont besoin ? 

➡️ Lorsque vous achetez des fruits et légumes au marché, la balance est privée, et le coût du pesage est inclus dans le prix de vente. Et sur le port, c’est bien le vendeur qui effectue la pesée, et pas les services communautaires. Pourquoi devrait-il en être autrement pour c cette activité goémonière, et pourquoi la CCPI devrait-elle en supporter  les coûts ? 

Les quais : un espace contraint en proie à des conflits d’usage

➡️ D’autant que rien n’oblige à ce que cette balance soit située sur l’espace portuaire, déjà limité. En effet, les quais sont déjà le lieu de conflits d’usage entre professionnels et autres usagers. Un paiement de mise à l’eau a d’ailleurs été mis en place à la demande des professionnels pour restreindre l’usage des quais  aux plaisanciers équipés de pneumatiques à moteur.

➡️ Ce déplacement compliquera le transfert des passagers de la société Finist’mer ou de la CCPI qui embarqueront dans la barge pour aller/revenir de Lampaul. Pourquoi installer cette activité de pesée nécessitant beaucoup de place pour la circulation et la giration des camions, dans un espace portuaire déjà très contraint ? Il n’est pas nécessaire d’effectuer la cette pesée sur les quais. Elle peut se faire ailleurs.

Nos propositions

Nous proposons donc :

➡️ que la communauté de communes se concentre sur ses compétences  : création, aménagement, gestion et entretien de la zone d’activités portuaires qui lui est attribuée, et laisse au privé la gestion d’un équipement purement commercial sans rapport avec ses missions

➡️ que s’il est déplacé, le pont à bascule soit déménagé ailleurs que dans la zone publique portuaire, par exemple sur un terrain privé géré par les deux entreprises qui ont besoin de cet équipement, ou les propriétaires des bateaux et des marchandises pesées.

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2 réponses

  1. Bonjour et merci pour ces questionnements très justifiés. Ils doivent servir à soutenir une réflexion démocratique sur l’usage de l’argent publique.

    Je me permets ici de prendre un peu de recul, d’abord vers le Nord-Finistère, et plus globalement encore sur l’engagement de nos sociétés pour freiner d’urgence le changement climatique induit par l’accumulation de gaz à effet de serre. Y a-t-il un moyen d’améliorer le bilan carbone de la filière algues, en considérant ici la partie qui va du débarquement à quai d’un matériel frais jusqu’à l’introduction de cette matière dans le processus industriel ?

    Réfléchissons deux secondes, avec quelques chiffres réalistes :

    De l’ordre de 50 000 tonnes de laminaires débarquées à L’Aber Ildut chaque année.
    Le transport de ces produits vers les deux usines qui vont les intégrer :(Lannilis et Landerneau) va nécessiter la réalisation de 1500 aller-retour par camions, si l’on considère que ceux-ci transportent de l’ordre de 35 tonnes d’algues fraîches chacun. Donc, en terme de transport, en considérant un trajet moyen de 62 km pour cet aller retour (distance moyenne si on considère que la moitié des algues est orientée vers chacun des sites), cela correspond à 93 000 kilomètres par an réalisés par ces poids lourds.

    Or, il faut savoir que ces algues que l’on transporte vers usines contiennent plus de 90% d’eau !

    La rationalité et la responsabilité écologique, sociétale, et écologique, devrait donc conduire à l’installation à proximité du lieu de débarquement d’une infrastructure de séchage de ces algues. Ainsi ce ne serait pas 50 000 tonnes d’algues à envoyer chaque année sur les routes, mais simplement 5000 tonnes d’algues séchées.
    Au delà de la quantité de GES non émis, c’est moins de pollution, moins d’emprise sur le domaine publique que sont les routes, et évidemment moins de risques de toute nature liés au déplacement de tels engins chargés sur des parcours en aucun cas prévus historiquement pour cela.

    Voilà de quoi animer une réflexion qui devrait mobiliser les élus,

    Yves-Marie PAULET

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