Comment améliorer sans trop d’effort la qualité des eaux de baignade ?

Petit guide humoristique à l’usage des maires de communes littorales

Nous avons tenté d’agrémenter ce début d’été d’un feuilleton intitulé “Baignades en eaux troubles, une saison en Pays d’Iroise”, que vous avez été très nombreux à suivre et à partager.

Cela n’a pas manqué de provoquer quelques réactions dont vous avez pû être témoins. La dernière en date est une tentative un peu pathétique du maire de Landunvez de nous resservir la thèse de la pollution des eaux de baignade par les déjections de goélands, reprise dans les colonnes du Télégramme, relais fidèle des messages officiels.

Cette première partie concernait le classement des plages par l’ARS, à laquelle, comme vous avez pû le constater, il est difficile de faire confiance en Bretagne, en tout cas sur ce sujet.

Mais la gestion des eaux de baignades relève d’abord et avant tout des prérogatives des maires, et non de celles de l’Etat ou de l’ARS. 

Or les maires concernés font-ils correctement ce travail  ? Ne prennent-ils pas eux aussi quelques libertés avec la loi, et n’exposent–ils pas à certains risques la santé de leurs concitoyens ?

Pour répondre à ces questions, nous avons recensé en Iroise quelques exemples de pratiques douteuses, que nous avons regroupées dans un guide un peu ironique destiné d’abord aux maires – évidemment à lire au deuxième degré – ainsi qu’à leurs “administrés” !

S’agissant d’un sujet assez dense, il fera l’objet, comme le précédent, d’une publication en plusieurs épisodes.

Bonne lecture, et n’hésitez pas à poser des questions ou à nous envoyer d’autres exemples de pratiques discutables que vous auriez pu constater sur les plages de l’Iroise.

Introduction

Vous êtes maire dans une région d’élevage, et vous avez sur votre commune des plages situées à l’embouchure de rivières ou ruisseaux ? Dans ce cas, il est très probable que plusieurs fois par été vous deviez interdire la baignade pour prévenir la contamination des baigneurs par des bactéries fécales rejetées par ces cours d‘eau, pollués en amont ou par les eaux pluviales sales qui les alimentent. 

Ce guide est fait pour vous

N’hésitez pas à le diffuser largement, car certaines recommandations issues de la vaste expérience des plages d’Iroise conviennent aussi aux plages urbaines exposées aux pollutions liées à l’assainissement.

Ces épisodes de pollution surviennent régulièrement à la suite de pluies importantes, qui lessivent les bassins versants, font déborder les canalisations, noient les pompes de relevage, etc. Des eaux usées non traitées débordent dans les ruisseaux, des substances épandues sur les champs sont entraînées vers la mer : c’est la faute à la pluie, bien entendu, on n’y peut pas grand-chose… 

Mais ce bouillon de culture n’est pas ragoutant, et surtout il risque d’engager votre responsabilité en tant que maire : si vous avez connaissance d’un risque de pollution, il est en effet de votre responsabilité en tant que « personne responsable de la baignade » d’interdire celle-ci. Dans le cas contraire, vous vous exposeriez à des poursuites pénales. 

Néanmoins, il serait dommage que cette obligation d’interdiction mette en péril l’activité touristique ou la réputation de la commune, et conduise à dégrader le classement de la plage…

Comment faire pour que les pollutions ne se voient pas trop, que votre responsabilité soit dégagée en cas d’incident, que les touristes viennent et reviennent, et que votre commune puisse afficher des plages de qualité ? 

L’Union européenne a, hélas, semé des obstacles sur cette route des vacances… Suivez notre guide pour les éviter !

Conseil n° 1 : ignorez l’existence de la baignade !

Figure 1 – Signalisation de la Plage du Crapaud (crédit : Google StreetView)

Une baignade est caractérisée par l’usage : s’il y a régulièrement des baigneurs et que la baignade n’est pas interdite, la zone est en principe d’office soumise à la réglementation sur les eaux de baignade. C’est ennuyeux si cette zone est polluée… On peut évidemment interdire la baignade, mais cela risque non seulement de fâcher les usagers, mais aussi d’attirer l’attention. 

Il existe une autre solution, à laquelle les communes ne pensent pas toujours : il suffit de ne pas déclarer la baignade à l’ARS, et le tour est joué. La plage n’est alors pas surveillée par les services sanitaires, et n’apparaît pas dans les rapports à la Commission européenne. Du coup, les baigneurs se baignent sous leur propre responsabilité, il n’y a pas de classement… et donc pas de déclassement possible. Certes, depuis le temps, la plupart des baignades sont déclarées, mais pas toutes, et il reste donc des possibilités d’utiliser cette option.

  • Ainsi, la commune de Lanildut , située sur l’Aber Ildut, à l’embouchure de l’Ildut qui recueille généreusement au cours de son périple des eaux usées mal traitées, des rejets de stations de traitement des eaux usées, des résidus d’épandages de pesticides ou d’effluents d’élevage industriel… et accueille des activités portuaires potentiellement polluantes (algues, plaisance) a oublié depuis des années de déclarer la plage du Crapaud – pourtant clairement indiquée par un panneau sur la route, et fréquentée très régulièrement pendant toute la saison estivale. Les baigneurs se baignent sous leur responsabilité, pas sous celle du maire. 

Pas de baignade, pas de contrôle !

Pas de classement, pas de mauvais classement…

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