Baignades en eaux troubles, une saison en Pays d’Iroise – Episode 5

Résumé des épisodes précédents : certaines plages d’Iroise sont fermées préventivement avant chaque épisode de pluies importantes, dans la plus grande discrétion, et en raison d’importantes pollutions bactériennes. Tandis que nos élus majoritaires restent flous sur les causes de ces pollutions et font semblant de chercher, celles-ci sont désormais installées, réelles, massives et récurrentes. Pourtant, si on regarde du côté des élevages intensifs et des épandages qui en découlent, les causes sont assez facilement identifiables…

Épisode 5 : Une réglementation bien faite, destinée à protéger les baigneurs des pollutions ?

Pour comprendre comment nos magiciens trichent sur le classement réglementaire des baignades, il est bon de connaître la règle du jeu

Comme souvent en matière d’environnement, c’est de l’Europe que vient la législation qui permet de garantir la qualité des « eaux de baignade » afin de protéger la santé des baigneurs.  En l’occurrence, c’est une directive européenne (directive 2006/7/CE) qui oblige les États membres de l’UE, d’une part à surveiller cette qualité, et d’autre part, si celle-ci est mauvaise, à prendre des mesures pour réduire les pollutions.

Rien de bien compliqué sur le principe.

Le point de départ de tout cela, c’est la surveillance de la qualité, et le classement qui en découle : 

  • Si le classement est « excellent », c’est parfait, pas besoin de mesures  spécifiques, il faut juste maintenir cette qualité. 
  • Si au contraire le classement est mauvais ou moyen, il est important de prendre des mesures pour trouver les causes des pollutions et les supprimer, ou au moins les réduire.

C’est donc le classement qui est le nœud de l’affaire : s’il est bon, c’est un argument touristique pour la commune, et c’est un bon point pour la France, qui dans le cas contraire risquerait des sanctions qui pourraient parfois s’avérer sévères.

Pour encadrer ce classement, éviter que chaque pays édite ses propres règles, et permettre la comparaison entre les divers pays européens, la directive définit très précisément la manière de surveiller les eaux de baignade, et la manière de calculer le classement à partir de ces données de surveillance :

  • Pendant la « saison de baignade », soit en Iroise du 15 juin au 15 septembre, on doit prélever sur chaque plage, à des dates choisies au hasard (pour éviter la triche…) des échantillons d’eau (eau de mer ou eau douce, suivant la baignade) et déterminer les concentrations de deux types de bactéries très caractéristiques des pollutions des plages : « Escherichia coli », une bactérie extrêmement répandue, et les « entérocoques fécaux », qui sont comme leur nom l’indique des pollutions d’origine fécale (humaine ou animale). 
  • Si ces deux « bactéries témoins » sont absentes, on est quasiment sûrs qu’il n’y pas de pollution microbiologique. Si elles sont présentes en quantité notable, elles révèlent l’existence d’une pollution fécale certaine, et sont alors probablement accompagnées d’autres germes, bactéries ou virus parfois beaucoup plus dangereux que les bactéries « témoin » analysées.
  • En fin de saison, à partir de ces analyses (année N) et de celles réalisées pendant les trois saisons précédentes (N-1, N-2, N- 3), on calcule le classement de la plage. La formule de calcul (une moyenne améliorée) est très rigoureusement fixée par la directive, et facile à calculer : impossible de se tromper. Ce calcul statistique est sensible aux valeurs élevées (pollutions), qui ont une influence importante sur le classement.

Derrière une présentation technique et un peu aride, le principe est enfantin et compréhensible par tous ceux qui ont été à l’école : on fait un certain nombre de contrôles surprise, et on calcule la moyenne… On peut ainsi identifier les bons élèves (qui n’ont que de très bonnes notes), et les autres.

Impossible de se tromper… mais pas impossible de tricher, comme on va le voir dans les épisodes suivants !

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