ACCÈS A L’EAU EN BRETAGNE ET DÉMOCRATIE EN PAYS D’IROISE – ÉPISODE 1

LES GOËLANDS, LE RETOUR

Médiapart a publié une enquête très intéressante, fruit d’une investigation de Inès Léraud et Kristen Falc’hon. Cette enquête pointe un certain nombre de dysfonctionnements de notre démocratie locale sur un sujet préoccupant : l’accès à l’eau et la pollution des eaux de baignade. L’enquête s’appuie sur les problématiques soulevées par l’extension de la mégaporcherie Avel Vor. Nous vous proposons un feuilleton de quelques épisodes pour y entrer.

Lien vers l’enquête : https://www.mediapart.fr/journal/ecologie/041122/acces-l-eau-en-bretagne-les-travers-du-porc

➡️ La Plage du château à Landunvez est fermée depuis plusieurs années pour cause de pollution. La mairie de Landunvez et la communauté de communes élaborent elles-mêmes un protocole pour rechercher la cause de cette pollution, «suspectant» fortement les oiseaux marins, présents sur cette plage…..comme ailleurs.

➡️ Ces analyses sont financées avec l’argent du contribuable et pour un coût de revient important : plusieurs centaines d’euros pour chaque analyse.

➡️ Elles utilisent et détournent un outil développé par une chercheuse d’Ifremer. Le maire de Landunvez qui cherche « à déterminer de visu » une pollution invisible mais effective, estime ne pas avoir besoin de scientifiques ou de techniciens pour interpréter les résultats des analyses, qui selon lui, sont « suffisamment explicites ».

➡️ Cette trouvaille des oiseaux marins, pollueurs de plage, arrange bien l’éleveur Philippe Bizien, propriétaire de l’usine à cochons Avel Vor.

➡️ Voici l’explication plus précise qui est un petit extrait de l’article de Médiapart :

« Les goélands, surprenants boucs émissaires

Fin octobre, des opposants à la mégaporcherie ont annoncé porter une plainte collective contre X pour « infraction aux règles de l’environnement et mise en danger de la vie d’autrui ». Selon eux, l’agrandissement incessant des élevages bretons conduit à des conflits d’usage de l’eau, dont Avel Vor est l’un des exemples les plus éclatants.

Landunvez dispose de trois belles plages alimentées par des rivières traversant des terres sur lesquelles est épandu le lisier provenant d’Avel Vor. Parmi elles, la plage du Château est interdite à la baignade de façon permanente depuis 2019 pour raison sanitaire, quand celles de Gwisselier et de Penfoul font l’objet d’arrêtés d’interdiction temporaire en raison de concentrations trop importantes en bactéries fécales, notamment Escherichia coli (E. Coli).

Le 10 août, le quotidien régional Le Télégramme a émis l’hypothèse que l’origine de la contamination de la plage du Château soit les fientes d’oiseaux marins, en s’appuyant sur une étude de la mairie de Landunvez menée en partenariat avec la communauté de communes du Pays d’Iroise.

« On utilise ce genre d’arguments pour faire diversion, réagit Thierry Burlot, ex-vice-président (PS puis LREM) du conseil régional à l’environnement et président du comité de bassin Loire-Bretagne. On sait aujourd’hui que les pollutions bactériennes du littoral proviennent à 50 % de l’agriculture et à 50 % des systèmes d’assainissement des communes qui rejettent des eaux résiduaires. La pollution par les fientes d’oiseaux sauvages est marginale », ajoute-t-il.

L’étude menée par la mairie consiste en une recherche de marqueurs génétiques dans les eaux de baignade. Elle s’appuie sur un outil développé par des chercheurs de l’Institut français de recherche pour l’exploitation de la mer (Ifremer), dont Michèle Gourmelon. Celle-ci ne connaît pas la situation de Landunvez, mais précise que son protocole « a ses limites ».

Par exemple, explique-t-elle, « si on trouve un marqueur génétique “oiseaux de mer”, ça veut dire qu’il y a une trace, mais pas plus. D’autres sources plus lointaines, plus en amont du bassin versant, peuvent impacter la zone littorale. Il est donc préférable d’effectuer des recherches au plus près des sources de pollution et aussi lorsque c’est très contaminé, c’est-à-dire généralement quand il pleut et que les terres viennent d’être lessivées ».

Autrement dit, identifier la présence d’oiseaux sauvages dans les eaux littorales ne veut en aucun cas dire qu’ils constituent la source principale de la contamination. Sollicité à ce sujet, le maire de Landunvez, Christophe Colin, répond que son équipe a fait « des visites de terrain afin d’essayer de déterminer de visu les origines potentielles de pollution ». Mais il le reconnaît : « Aucun organisme ne nous a aidés à interpréter ces résultats d’analyse qui nous semblent suffisamment explicites. »

Quant à Philippe Bizien, il met en avant l’absence de traces de bactéries d’origine porcine dans ces analyses pour souligner la bonne tenue de son exploitation. »

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