Les enjeux littoraux
L’océan est de très loin la principale frontière de notre département. Cette omniprésence de la mer structure et caractérise notre département. C’est une forme de prolongement de notre territoire vers des espaces qui nous ouvrent à l’international, qui nous offre à proximité des espaces naturels riches de ressources, qui a construit au cours des siècles notre culture bretonne Terre et Mer, et qui alimente une attractivité exceptionnelle et croissante pour nos concitoyens français et européens. Au long de ce littoral, les îles portent à l’extrême ces caractères.
Le littoral est le trésor du Finistère, un espace complexe et varié qu’il nous faut protéger et partager.
Enjeu 1 : Restaurer et préserver ce milieu d’interface soumis aux impacts des polluants issus des activités urbaines et rurales. La compétence du département sur la gestion de l’eau, sur le remembrement et l’aménagement foncier, ainsi que sur les activités innovantes en agriculture en pêche et tourisme, en font un acteur essentiel de la reconquête de la qualité des milieux. Le département doit engager pêche et agriculture dans la transition écologique, en favorisant les aides pour une agriculture durable décarbonée et en soutenant les aménagements et les usages des bassins versants réduisant les flux de matière vers les eaux côtières, en soutenant une pêche faisant appel à des techniques peu impactantes et sélectives.
Enjeu 2 : En finir avec les algues vertes. Au-delà du désagrément et des dangers pour la santé quelles constituent, les algues vertes qui s’échouent par milliers de tonnes sur nos plages sont le symptôme et la cause d’un désastre écologique. Ces quantités de matière organique déposée sur les plages altèrent le fonctionnement de l’écosystème des plages et spécialement les multiples nurseries de poissons et d’invertébrés qu’elles abritent. Atteinte directe sur les activités humaines, les marées vertes constituent donc également une dégradation des écosystèmes marins et impactent de ce fait le potentiel du milieu marin pour la pêche et l’aquaculture.
Les politiques publiques doivent être beaucoup plus ambitieuses, et un véritable contrôle des pratiques en milieux urbain et agricole doit être mené. La connaissance scientifique permet aujourd’hui d’affirmer que c’est en atteignant des valeurs inférieures à 10 mg/l de nitrates dans les cours d’eaux se jetant à la mer que la régression des algues deviendra significative. Cette valeur de 10mg/l doit être celle qui doit conduire toutes les politiques locales, notamment celles du département, pouvant agir sur la qualité de l’eau.
Dans ce contexte, il nous faut repenser fondamentalement le mode de production agricole actuelle.
Il faut également penser la question des marées vertes à sa juste échelle, qui est fondamentalement internationale. La filière qui va de la déforestation amazonienne à la putréfaction des algues sur nos plages est bien connue, et délibérément passée sous silence par nos élus. Il s’agit bien du même azote, exporté sous forme de soja et manioc produits dans les clairières de la déforestation amazonienne, débarqué dans nos ports bretons dont ces tonnages croissants font la « fierté », et qui rejoignent les élevages porcins industriels du Finistère et finalement se retrouve lessivé sur des sols saturés de lisiers et alimente ainsi la production d’algues vertes au long des côtes.
Consommer des aliments issus de cette agriculture industrielle, c’est non seulement participer de la production de marée vertes, mais c’est aussi soutenir la déforestation en cours et ses conséquences sur l’équilibre climatique planétaire.
Il nous faut sortir de ce cercle infernal, de cette aberration, et faire de notre département un modèle de production durable et localisée, garante d’une environnement sain et d’échanges internationaux raisonnés et non plus basés sur l’exploitation à moindre coût.
Enjeu 3 : Réguler l’attractivité résidentielle et touristique. Le littoral finistérien est l’objet d’une convoitise extraordinaire, tant à l’échelle nationale qu’européenne. C’est un honneur, et un vrai plaisir d’accueillir et de partager, mais les conséquences de ces installations saisonnières ou annuelles sur le coût de l’immobilier deviennent gravissimes. Il devient presque impossible, particulièrement sur les îles, mais aussi aujourd’hui sur la quasi-totalité de notre littoral, d’accéder à la propriété pour des finistériens aux revenus modestes. Faudra-t-il être fortuné, héritier ou à gros salaire, pour vivre là où l’on est né en Finistère. Sous cette pression financière inquiétante, le « vivre et travailler au pays » ne deviendrait-l qu’un slogan des temps anciens ?
Un outil financier et administratif, l’établissement public Foncier de Bretagne, existe. Il permet d’aider les communes à réaliser des projets immobiliers en favorisant l’installation des familles locales. Les élus du département qui y siègent peuvent contribuer à la renforcer et à en faire une véritable défense contre l’expropriation financière.
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