Baignades en eaux troubles, une saison en Pays d’Iroise – Episode 8

Résumé des épisodes précédents : certaines plages d’Iroise sont fermées préventivement avant chaque épisode de pluies importantes, dans la plus grande discrétion, et en raison d’importantes pollutions bactériennes devenues récurrentes. Refusant d’admettre la lourde responsabilité des élevages intensifs et des épandages qui en découlent, nos élus majoritaires se demandent comment se soustraire à une réglementation européenne contraignante… et trouvent étrangement de l’aide auprès de l’Agence Régionale de Santé (ARS)…

Épisode 8 : et pourquoi mesurer là où c’est pollué ?

Supprimer les pollutions du classement, c’est bien, mais ça n ‘est pas forcément suffisant. 

 Certaines plages sont en effet si souvent et tellement polluées que la suppression au coup par coup des pollutions présentée précédemment ne suffit pas à rendre leur classement « excellent ».

C’est vrai, mais nos magiciens ont plus d’un tour dans leur sac !

Tour de magie N°2 : les points de mesure qui se déplacent.

Parmi les plages « à problème », en Iroise, on peut citer le cas de Penfoul à Landunvez, superbe plage et paradis des surfeurs toute l’année, mais qui a le malheur de se situer à l’ouvert du ruisseau qui serpente dans les champs d’épandage, dont ceux de l’élevage porcin Avel Vor, bien connu dans la région. Double problème donc…

Qu’à cela ne tienne : en examinant les rapports obligatoires faits par la France à l’Union européenne, on constate qu’entre 2018 et 2019, le point de mesure où sont prélevés les échantillons de la surveillance a été déplacé de plus de 200 m vers la mer ! 

Tellement loin des pollutions qu’il n’est désormais même plus nécessaire d’écarter certaines mesures… Evidemment, cela s’est fait discrètement, sans informer qui que ce soit, et les petits enfants continuent à patauger dans le même bouillon de bactéries qu’avant… Mais le classement s’est nettement amélioré !

Et bien entendu, tout cela n’est pas autorisé par la directive, qui précise comment doit être choisi le point de mesure ; près des pollutions ou près des baigneurs, mais évidemment pas loin des deux.

Tour de magie N°3 : la plage qui disparaît des classements

⇨ Un autre tour tout simple, et il aurait été dommage de ne pas y penser : il suffit de supprimer la plage de la surveillance, et donc du classement. Dès lors, peu importe que l’eau soit propre ou non, et que des gens s’y baignent : c’est leur problème…

Il est certain que dans une classe, si on ne garde que les bons élèves, la moyenne générale tendra à s’améliorer…

Là encore, le mécanisme est d’une simplicité enfantine : dès qu’on voit que la situation est compliquée et qu’on risque de se faire repérer (par exemple après 4 années difficiles), on interdit définitivement la baignade, et hop ! La plage disparaît du classement. 

 Voilà un bon moyen d’améliorer un peu les statistiques de la France, qui est loin d’être le meilleur élève en Europe en ce qui concerne la qualité de ses eaux de baignade….

⇨ Les plages de Mazou à Porspoder et du Château à Landunvez, qui étaient régulièrement polluées – et le sont certainement toujours – sont désormais hors de portée des radars de la surveillance et du classement. Bien entendu, on continue de s’y baigner comme avant…

Pour que le tour de passe-passe soit moins voyant, on peut même remplacer une plage « à problèmes » par une autre. Ainsi, à Lampaul-Plouarzel, la plage de Porspaul, régulièrement polluée, n’est plus surveillée (ni classée), remplacée par celle de Porsman toute proche (mais non polluée).

Mais alors, où peut-on encore aller se baigner ? C’est ce que nous verrons dans le prochain épisode…

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