Pourquoi votre facture d’eau et d’assainissement a un goût très salé ?


Il y a quelques semaines, nous vous expliquions comment c’est surtout l’urbanisation du littoral qui fait grimper vos factures d’assainissement. Aujourd’hui, on vous explique comment la communauté de communes dépense inutilement des millions.

➡️ La communauté de communes choisit d’étendre les réseaux d’assainissement collectif jusqu’à la côte, afin de continuer à urbaniser le littoral, alors que tout devrait inciter à limiter l’urbanisation dans ces zones. On réalise de gros projets d’assainissement qui mobilisent toutes les recettes du service plutôt que d’assurer en priorité l’entretien du réseau existant.

➡️ Une évidence pour commencer : ainsi que l’agence de l’eau le lui a rappelé récemment, la communauté de communes devrait commencer par entretenir correctement le réseau existant avant de penser à l’étendre.

➡️ Aujourd’hui, en Iroise, on fait exactement l’inverse : les moyens consacrés à l’entretien du réseau existant sont ridicules. Ainsi, alors qu’un réseau dure 70 ans, et que le taux annuel de renouvellement des canalisations devrait donc être en moyenne de 1/70, soit 1,43 %. Ce taux n’était en 2019 que de 0,04 % pour le réseau d’assainissement, ce qui correspond à un renouvellement du réseau sur 2544 ans. Et en 2020, le taux était de 0 % !

➡️ Faute d’entretien, on s’expose évidemment à des problèmes à terme : fuites, ruptures, eaux parasites… dont la solution coûte généralement beaucoup plus cher que l’entretien préventif, ainsi que le savent bien tous les gestionnaires compétents.

➡️ Mais la CCPI préfère bâtir qu’entretenir, pour des bénéfices immédiats plutôt qu’une saine gestion de long terme : le projet pharaonique du rejet d’eaux traitées à Lanildut en est un parfait exemple.

➡️ La station de Saint-Dénec à Porspoder est prévue pour 6800 équivalent habitants ; mais les eaux traitées de cette station sont actuellement rejetées sur une parcelle qui ne peut accueillir que les eaux de 3400 habitants. Tant que la communauté de communes ne trouve pas de solution pour évacuer un volume d’eau traitée plus grand, l’urbanisation du secteur desservi par la station de Porspoder est donc bloquée. Que faire ?

➡️ La solution est toute trouvée ! En Pays d’Iroise, on aime bien les nouveaux tuyaux et les gros projets de BTP : on a donc décidé, dans l’opacité la plus totale, comme toujours quand il s’agit d’eau ou d’assainissement, de construire un aqueduc de plusieurs millions d’euros pour transporter les eaux traitées depuis la station de Porspoder jusqu’à l’anse St Gildas à Lanildut afin de les y déverser en zone ZNIEFF classée Natura 2000, zone portuaire et conchylicole. Dans la zone la plus protégée du Pays d’Iroise, donc ! Et sans étude d’impact sérieuse, évidemment.

➡️ Il aurait suffi pour résoudre le problème, d’augmenter la zone d’aspersion ou de développer une filière de réutilisation des eaux traitées, ce qui est permis depuis longtemps et désormais exigé par l’Union Européenne depuis 2020. On pourrait ainsi imaginer d’utiliser cette eau pour une production de bois (saules, peupliers) pour chauffer des bâtiments.
https://csiuav.pagesperso-orange.fr/documents/technique/CAUE%2045%20Fiche6_1.pdf

➡️ Compte tenu de l’amélioration du traitement des eaux usées (la partie la moins chère du projet!), il y a en effet désormais si peu de bactéries que l’eau pourrait facilement être réutilisée ou à défaut rejetée dans la nature sans risque de pollution.

➡️ Au lieu d’explorer ces solutions, la communauté de communes a imaginé un projet pharaonique : construire 4 kilomètres de tuyaux, traversant et détruisant des zones humides, pour rejeter les eaux traitées dans l’anse St Gildas, à marée haute, de l’autre côté de la digue.

➡️ Une belle dépense d’argent public, pour un projet fou qui a déjà coûté plusieurs millions d’euros, mais qui pose des problèmes techniques, écologiques et de sécurité tels qu’il est très probable que ce rejet ne sera jamais opérationnel.

➡️ Car ce rejet se trouve en zone submersible : l’eau sous pression venue de St Dénec passerait à travers la route-digue construite en 1850 par un simple dépôt de gros blocs de granite, par les ouvriers de la carrière, ouvrage qui n’est pas capable de supporter ces contraintes supplémentaires imprévues.

➡️ Il ne semble décidément pas que nos élus maîtrisent bien les aspects techniques de ce dossier : il suffit d’écouter M Talarmin expliquer ci- dessous (vidéo et texte) que l’eau serait rejetée avec une pression de 300/400 bars, une pression équivalente à celle qui sort d’un karcher de carénage. Bonne nouvelle, cette station de carénage sous-marine gratuite !

➡️ Mais même aux pressions beaucoup plus basses réellement prévues, les risques sont grands de détruire la digue et la route, c’est à dire le point de passage obligé pour la plupart des habitants de la zone.

Lien vers la vidéo de la réponse de André Talarmin : https://drive.google.com/file/d/1GrgaUcqYn5POdOLcxtvFAhvxAlr16u0L/view?usp=sharing

Lien vers le texte de la réponse de André Talarmin : https://drive.google.com/file/d/1lboqqcGca-YFmDaEi6sAoVJKwQz7CNSS/view?usp=sharing

➡️Ainsi, on ajoute une forte contrainte sur cette route-digue déjà fragile qui se trouve déjà en zone d’aléa fort si l’on considère la montée inévitable du niveau de la mer.

➡️ Que se passera-t-il si la route-digue lâche et que la quantité d’eau que vous voyez sur la photo se déverse dans l’anse St Gildas qui se trouve bien en dessous du niveau de la mer ? On peut imaginer que ce sera encore aux abonnés à l’assainissement de payer sur leur facture d’eau le coût de réparation de dégâts liés à ces travaux : il est décidément temps d’arrêter tout cela et de demander des comptes aux décideurs de ce projet, y compris à ceux qui ont pris soin de démissionner avant d’être rattrapés par la justice.

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